jeudi, juin 12, 2008

Concertons.


Autant vous dire que là je n’en mène pas large. Il me serait facile de détourner la lourde charge que j’ai par quelques phrases emphatiques et expédier le sujet à grand coup d’adjectifs bien alambiqués. Certes. Mais là c’est limite de la mission divine.

Concerto pour piano de Ludwig van Beethoven, N°3, 4, 5, 6 par Monsieur A. Schoonderwoerd et l’ensemble Cristofori chez le label Alpha. (cf. Liens)

Bon. Pour l’instant rien de faux.
J’ai donc fait l’achat de deux disques d’un coup (oui je préviens la boutique alpha à Paris fait des réductions étudiantes, c’est le Mal) avec ma chère et tendre (qui n’a rien fait pour m’exorciser sur ce coup là), j’ai donc investi dans le concerto pour piano (ou plutôt pianoforte) de Beethoven.

Pour ceux qui suivent l’affaire c’est la phase 2 du plan « Beethoven et moi ». Les concerti pour piano (forte). Ces enregistrements sont exécutés par un de mes pianistes favoris, je vous en ai déjà maintes fois parlé notamment pour son sublime Winterreise de Schubert et son disque sur Chopin.
Particularité des enregistrements : que des instruments d’époque et donc point un piano mais un pianoforte. Et ça change tout. Un son plus frêle, avec des basses à la limite de la percussion, et des résonnances délicieuses parfois nasillardes. De plus l’ensemble n’est pas un orchestre symphonique à la berlinoise mais un ensemble plus réduit comme cela se jouait au début du XIXème. L’ambiance devient tout de suite plus intime et moins « héroïque ». Autrement dit, des versions de puristes amateurs d’Histoire.

Donc vous mettez la rondelle de plastique dans la machine et là vous restez assis sans rien comprendre. Un souffle d’une force émotionnelle sans pareil, imaginez un peu ces magnifiques thèmes qui surgissent de nulle part (ou presque) et qui disparaissent aussi soudainement que l’on retrouve dans ses sonates pour piano, et bien ces thèmes vous les retrouvez dans les concerti. Et le timbre des vents ou encore des cuivres donne une autre dimension à ces thèmes tantôt rêveurs tantôt conquérants… Sans parler des variations de tonalités qui sont tout bonnement jouissives.
Tout est dans ces concerti, toutes les émotions les plus intactes. Je me plais à considérer Beethoven comme celui qui enlève le « vernis » que l’on a apposé sur les sentiments en musique pendant les siècles qui le précèdent. Un opéra baroque présentera toujours les sentiments exagérés, tout ou rien. En ce début de XIXème on cherche à revenir aux sentiments, à la nature, l’emphatique ne plait plus…on cherche la pureté.
Le timbre du pianoforte peut ne pas passer, certains le trouve « gringalet », sûr que face à un gros Steinway on trouve le son moins rond…et encore, cet instrument est capable d’une douceur inégalable.
Chose que j’aime par-dessus tout c’est quand une pièce à une pseudo genèse, quand on a une vague bride de texte ayant inspirée la composition. Le concerto n°3 op.37 serait ainsi inspiré de l’histoire d’Orphée, et chacun des trois mouvements de nous laisser imaginer Orphée chantant ou hésitant à se retourner…

Ainsi des enregistrements sublimes, le troisième disque est prévu pour 2009, je ne sais pas comment on va faire pour attendre.
Je doute que ce soit des interprétations des plus « communes », leurs sorties à fait grand bruit (et leurs récompenses aussi) mais on sent pleinement la dimension que pouvait avoir un concerto sous le temps de Napoléon dans le salon du prince von Lobkowitz et l’on prend conscience de l’évolution de l’interprétation au fil du temps. Génial.
Vous écouterez le thème sortant de nulle part à environ 3:15, il arrive au pianoforte et repris par le cor, je ne m'en remets toujours pas de la beauté de cette phrase musicale.

Satyriquement, vive la Belgique.

1 commentaire:

C* a dit…

Et merci à Monsieur Vuitton pour cette magnifique voiture.